Grèce : nouvelle usine en autogestion
« ΔΕΝ ΜΠΟΡΕΙΤΕ ΕΣΕΙΣ? ΜΠΟΡΟΥΜΕ ΕΜΕΙΣ! »« Vous ne le pouvez pas ? Nous, nous le pouvons ! » « ¿No podéis vosotros? ¡Nosotros sí podemos! » Avec ce slogan, les ouvriers d’une entreprise grecque (à Thessalonique) se préparent à organiser la production après que 98 % des travailleurs aient voté en assemblée générale en faveur de l’autogestion de l’usine.
Après l’abandon de l’usine de l’entreprise Viomijanikí Metaleftikí (Industrie minière) par sa direction, l’assemblée des travailleurs a voté en faveur de l’autogestion de l’usine et est en train de se préparer à l’assumer.
La direction de Viomijanikí Metaleftikí, entreprise de fabrication de carreaux de faïence et de matériaux de construction, filiale de Filkeram & Johnson, a abandonné son usine de Thessalonique et les travailleurs depuis mai 2011. En réponse à cette situation, les travailleurs de l’usine réclament le versement de leur dû et refusent les licenciements, ils sont en arrêt de travail depuis septembre 2011.
Le syndicat de l’entreprise Viomijanikí Metaleftikí a organisé avec les travailleurs une occupation permanente de l’usine par rotation afin d’empêcher l’enlèvement des machines par la direction ou le vol de celles-ci. La proposition du syndicat pour résoudre cette situation au point mort, puisque la direction a déclaré que l’usine ne va ré-ouvrir pour manque de fonds, est d’appliquer un système d’autogestion. Cette proposition a été votée par 98 % des travailleurs en assemblée générale. Concrètement, ils demandent que l’usine passe aux mains des ouvriers et la démission de tous les membres de la direction, de même que les employés qui ont collaborés avec l’équipe dirigeante, sans rien réclamer à la future autogestion ouvrière.
Les travailleurs appellent tous les syndicats, organisations, associations et travailleurs à se solidariser avec la lutte des ouvriers pour l’autogestion de l’usine et de les aider activement financièrement et politiquement.
Ci-dessous le communiqué des travailleurs publié après l’Assemblée générale du 11 juillet :
« La direction de Viomijanikí Metaleftikí, une filiale de Filkeram-Johnson, a abandonné l’usine et ses travailleurs depuis mai 2011. En réponse, les travailleurs de l’usine ont cessé le travail depuis septembre 2011. Le syndicat de l’entreprise a organisé une équipe de 40 ouvriers, avec pour mission (un an après la fermeture de l’usine) d’empêcher l’enlèvement des machines par les administrateurs ou le vol de celles-ci. L’ensemble des travailleurs participent également à l’Assemblée générale.
La proposition du syndicat pour échapper à ce statut-quo (alors que les administrateurs ont clairement déclaré que l’usine ne redémarrerait pas, compte tenu de l’absence de fonds) est que l’usine passe sous contrôle direct des travailleurs. Cette proposition a été adoptée par 98 % des participants à l’Assemblée générale. Plus précisément, ils ont demandé que l’usine soit transférée aux travailleurs et que tous les membres de la direction et les travailleurs participant au Conseil d’administration démissionnent sans aucune exigence vis-à-vis de la future administration ouvrière.
En ce qui concerne le capital initial, qui est indispensable pour le fonctionnement de l’usine, la proposition des travailleurs est que l’Institut national de l’emploi (OAED) leur verse par avance les allocations auxquelles ils auraient droit.
Enfin, les travailleurs de Viomijanikí Metaleftikí exigent l’introduction dans la législation d’un statut légal pour les entreprises coopératives, pour que la leur et les futures initiatives puissent disposer d’une couverture légale.
Nous, travailleurs en lutte, en dehors de l’évidente valeur que nous voyons d’être dans la lutte et les demandes exprimées par tous les travailleurs, reconnaissons également une valeur additionnelle qui se résume parfaitement dans la proposition d’autogestion. Nous pensons que l’occupation et la reprise d’activité des entreprises impulsée par les travailleurs est l’unique proposition alternative réaliste pour lutter contre l’exploitation croissante de la classe ouvrière. L’auto-organisation des usines qui ferment est l’unique proposition qui a le pouvoir de mobiliser la classe ouvrière, qui vivant sous la menace constante du chômage, ne voit plus aucun moyen de résister.
Nous savons que les difficultés auxquelles nous sommes confrontées dans la lutte pour l’autogestion de l’usine sont nombreuses, que l’Etat et le Capital s’y opposeront de toutes leurs forces dans la mesure où une victoire pourrait créer un précédent et un exemple pour n’importe quelle autre lutte dans le pays. Cependant, la question de savoir dans quelles mains se retrouve la production, se transforme aujourd’hui en une question de vie ou de mort pour une classe ouvrière qui est poussée vers le dénuement. Pour cette raison, les luttes des travailleurs qui s’orientent dans cette direction, de même que les forces solidaires, doivent se préparer à affronter l’Etat et l’employeur pour réaliser l’occupation des moyens de production et la gestion ouvrière.
Nous lançons un appel à tous les syndicats, les organisations et les travailleurs pour que s’exprime la solidarité avec la lutte des ouvriers de Viomijanikí Metaleftikí et entreprendre un soutien actif aux travailleurs à la fois financièrement et politiquement.
Assemblée ouverte : Mercredi 11 juillet 2012 au Centre de travail de Thessalonique. »