Docelles : l’arrogance d’une multinationale
Quelques anciens salariés de la papeterie de Docelles accompagnés du Maire, Monsieur Christian Tarantola, ont fait le voyage à partir des Vosges pour se rendre au siège d’UPM France à Levallois-Perret, afin de remettre à la multinationale la « rançon » que celle-ci a obtenue lors d’un jugement du Tribunal de commerce en septembre 2014. L’occasion de médiatiser un conflit social et un projet de SCOP qui semble aujourd’hui quelque peu oublié de la part d’un gouvernement qui affirme pourtant agir en faveur de l’emploi…
Jeudi 25 février, des anciens salariés de la papeterie de Docelles, quelques élus 1 et divers individus venus apporter leurs témoignages de soutien au projet de SCOP, se rassemblaient devant le siège d’UPM France. Après avoir expliqué la raison de cette venue à Paris, Nicolas Prévot, ancien délégué CFE-CGC et un des associés de la SCOP, rappelait qu’en décidant la fermeture de la papeterie et en ayant tout fait pour éviter un rachat, UPM avait détruit 165 emplois directs et induit la perte de 400 autres dans les environs. A l’inverse, leur projet de SCOP, qui n’est nullement concurrent des productions d’UPM, serait immédiatement créateur de plus de 100 emplois avec une ambition d’un retour à 160 dans les deux ans. Fait exceptionnel, ce projet était entièrement validé en terme de financement (douze millions d’euros) et avait reçu le soutien de l’UR SCOP, du Conseil régional de Lorraine ainsi que du Conseil général des Vosges. Tout souriait à celui-ci.
Mars 2014, coup de théâtre. Alors que la multinationale avait indiqué, dans le cadre du plan social, qu’elle était prête à céder la papeterie pour un euro symbolique, la voilà qui fait volte-face : elle exige une offre de la part des salariés. Ceux-ci en proposent trois millions. UPM refuse et en exige douze ! En clair, UPM ne veut pas vendre cette usine et préfère la laisser abandonnée quitte à perdre de l’argent, facile pour une multinationale qui a gagné 512 millions d’euros en 2014 (contre 335 l’année dernière) et qui prévoit de distribuer 73 % de ce résultat à ses actionnaires.
S’estimant floués, les salariés ont alors attaqué UPM au tribunal de commerce et aux prud’hommes pour non-respect des engagements. Ils ont été déboutés de leur demande dans les deux instances, chacune d’entre elle se déclarant incompétente sur demande des avocats d’UPM, qui cyniquement jouent la montre. Un an après, Nicolas Prévot rappelle que « nous attendons de la justice qu’elle se prononce sur le fond. Cette affaire n’a pas encore été jugée. »
Les salariés et élus se sont ensuite rendus dans les bureaux d’UPM France pour remettre ce qu’ils appellent la « rançon », à savoir les 1500 euros de frais de procédure auxquels ils ont été condamnés en septembre 2014. Jean Kubiak, Président d’UPM France, tout en ayant signé un reçu de cette somme, a refusé de recevoir les journalistes et de répondre à leurs questions.
Au moment où le gouvernement « réforme » à tout va au nom de la compétitivité et de l’emploi, il serait temps qu’il s’intéresse de près à cette multinationale qui affiche des profits insolents avec un chiffre d’affaires en baisse. A noter, un récent plan « social » dans sa papeterie Chapelle-Darblay située à Grand Couronne (Seine Maritime) où 196 emplois sont supprimés sur des effectifs de 365. Heureusement les salariés de la papeterie n’ont pas dit leur dernier mot… Cette visite à Paris n’est qu’une nouvelle étape avant de prochaines initiatives.
Pour en savoir plus :
Papeterie de Docelles : Si Florange avait existé – Association Autogestion – 26 mai 2014
Papeterie de Docelles : le capital contre la SCOP et les emplois – Regards – 10 avril 2014